
Cette peinture à l’huile de Jan van Eyck, souvent considérée comme un autoportrait, m’a captivée par sa maîtrise technique et sa présence saisissante. Dans ma copie, j’ai choisi de suivre les techniques traditionnelles des peintres flamands du XVe siècle, en particulier la méthode de la grisaille — une sous-couche monochrome qui met en valeur la lumière et l’ombre pour créer de la profondeur, caractéristique de l’art flamand primitif.
J’ai été attirée par cette œuvre non seulement pour son importance historique, mais aussi parce qu’elle constitue un sujet idéal pour l’étude technique. Le drapé complexe du turban occupe une grande partie de la composition et demande une observation attentive et une exécution précise. Le visage est rendu avec un réalisme extraordinaire: rides visibles, vaisseaux sanguins dans les yeux, jusqu’à la texture de la barbe de quelques jours.
Mais au-delà de la technique, ce portrait me touche aussi à un niveau plus personnel. Il dégage une forme de défi silencieux. Le regard de l’homme est direct, presque frontal — en rupture avec les conventions de l’époque. C’est peut-être le premier portrait depuis un millénaire à fixer ainsi le spectateur droit dans les yeux. Même le turban semble échapper aux codes, affirmant une présence sculpturale presque moderne.